Trois jours passés à Phong Nha. Dans le bus, nous rencontrons un couple de polonais avec qui nous allons passer deux belles journées à la découverte des alentours. Bartek, grand gaillard costaud, à la voix grave et puissante, les yeux clairs et tendres, entourant amoureusement sa Marta, immense et souriante, aux bras lourds et forts.
Phong Nha est un minuscule village tout en longueur dont le centre a quelques hôtels et restaurants pour touristes qui se comptent sur les doigts des mains. Les alentours étant truffés d’immenses grottes aux stalactites et stalagmites impressionnantes, ce lieu est devenu depuis peu touristique, et cela se sent. Dès l’arrivée, nous respirons à plein poumon cet air des lieux qui étaient autrefois tranquilles et qui ont été brusquement pris d’assauts. Sur l’unique rue du village, la vague des ambitieux voulant se sortir de la misère et profiter de cet eldorado a dû creuser, construire et déplacer ceux qui y vivaient.
Nous y découvrons des hôtels en construction ou flambants neufs construits à la va-vite, souvent avec des défauts comme des portes de chambre impossibles à fermer ou à ouvrir. Ou encore, dans cette première chambre que nous changerons dès la seconde nuit, ces punaises dans le lit et ces aérations béantes laissant passer des hordes de moustiques.
Mais c’est surtout cette sensation peu agréable qui nous saisit et nous possède peu à peu : nous ne sommes pas la bienvenue. La majorité des habitants ne semble pas voir d’un bon œil cette arrivée croissante de jeunes occidentaux majoritairement de moins de vingt-cinq ans, souvent en motos, venus chercher des paysages qu’ils n’ont pas chez eux. Les enfants surtout, provocateurs et insolents avec les touristes, poussent au grand air, baignés par cette atmosphère étrange, et laissent souvent les jeunes occidentaux perplexes. Les mères, maîtresses de maison, souvent sur le trottoir devant leur hôtel, achalandant le client, observent cette faune étrangère comme des vautours sur leurs proies. Seules les petites filles qui sortent à peine des couches, avec des odeurs encore de bébé, ouvrent grand leurs bras devant Laurent, intriguées par sa barbe.
Nous visitons la grotte de Phong Nha, la plus proche du village, l’après-midi même de notre arrivée. L’accès se fait par bateau. Nous naviguons sur une eau limpide encadrée de petits monts. Les locaux y ramassent à l’aide de longs râteaux des algues ou de la vase. Arrivée lente dans une grotte dans laquelle nous découvrons, émerveillés, des immenses stalactites et stalagmites aux formes étranges. J’imagine combien les premiers hommes qui l’ont parcouru ont dû en être effrayés. Puis nous passons la soirée avec nos nouveaux compagnons de voyage. Bartek, à l’anglais simple et efficace, nous raconte joyeusement ses lacs et ses forêts polonais ; et nous apprend la négociation à la polonaise que nous appliquerons tout le long du voyage.
Le lendemain, nous nous dirigeons, en scooter, vers le Sud du village. Les étroits monts recouverts d’une forêt tropicale deviennent, au fil de la route, des montagnes de plus en plus pentues que le scooter peine à traverser. Nous passons la journée à parcourir cette route qui cisaille ce paysage. Des cascades de bananiers dévalent les pentes. Des troncs et des arbres aux odeurs inconnues semblent se cacher au reste du monde. Un curieux lierre recouvre par endroit entièrement la surface de la forêt ; comme un filet pour la retenir. Seuls des arbres géants, aux troncs pâles, ont su percer cette toile étouffante. Ils ont tant poussé, leurs branches tendues vers le ciel, qu’ils semblent être de gigantesques tubas alimentant d’air leurs compagnons restés sous le lierre. Si l’ensemble des grottes est magnifique, dont certaines sont classées au patrimoine de l’Unesco (cf. note bas de page), c’est surtout ce paysage, exotique, sauvage et préservé, qui coupe le souffle, et que nous garderons en mémoire.
En savoir plus sur Phong Nha-Kẻ Bàng avec Wikipedia
Phong Nha-Kẻ Bàng se distingue par son réseau de cavernes et de grottes, au nombre de 300, s’étirant sur quelque 70 kilomètres, dont 20 seulement ont été explorés par les scientifiques vietnamiens et britanniques (17 sont situées dans la région de Phong Nha et trois dans la région de Kẻ Bàng). En avril 2009, la plus grande caverne du monde, la grotte Sơn Đông, y a été découverte par une équipe d’explorateurs britanniques à Quang Binh4. À la suite de cette découverte, la longueur totale du réseau de cavernes et de grottes est estimée à 126 kilomètres5. Avant la découverte de la caverne de Sơn Đông, le parc détenait plusieurs records du monde en matière de cavernes, car il est parcouru par le plus long fleuve souterrain
C’est superbe et vous n’arrêtez pas. Cela fait rêver. Prenez-en plein les yeux, les narines et les fesses sur les 2 roues. bises à tous les 2. Philippe
Je reconnais ton style de saut en mode *bouchage de nez* cher frangin ! Toujours la classe lol.
Bisous de toute la famille,
Damien
Merci @Philippe et les fesses ont bien pris 🙂
@Damien : la classe, çà ne s’invente pas. On l’a ou on ne l’a pas ! Je crois que je l’ai 😉