Sur la route, les champs de café ont laissé la place à quelques kilomètres de jungle, en sursis. Nous marchons quelques centaines de mètres ; et des bruits d’oiseaux et d’animaux inconnus montent jusqu’à nous. Puis, en direction de Don Dhu, la terre se fait plus sèche ; nous faisons la connaissance de la communauté Kho, une société matriarcale qui vit de la jungle, de l’élevage et du café. Seules les femmes avec des enfants en bas âge sont au village en pleine après-midi. Notre guide a eu la bonne idée d’apporter des bonbons qui élargissent le sourire des enfants. Leur peau est plus foncée que la moyenne ; et leur cœur semble grand.
Nous traversons ensuite des kilomètres de rizières aux différents degrés de vert et de marron, des lacs sur lesquels flottent des maisons de pêcheurs. La musique de la radio de l’une d’entre elles résonne sur l’eau silencieuse. Les femmes des pêcheurs vendent les poissons séchés après le pont, en bord de route. Des gens simples, peu lettrés et en proie à l’alcoolisme nous annonce Tin Tin. En fin de journée, nous arrivons au village de Lien Son où nous allons dormir une nuit près d’un immense lac. La chambre est truffée de moustiques ; nous nous réfugions sous la moustiquaire.
Le lendemain matin, le ciel est gris. Cela annoncera des journées de mauvais temps, nos premières. Pendant de longues minutes, nous longeons un sentier de terre rouge qui sillonne des étendues de rizières. Ce passage est également emprunté par les paysans menant leur maigre troupeau de buffles d’eau ou de vaches de couleur marron clair – dont certaines sont dotées d’étranges bosses. Il est si étroit que nous sentons le souffle des buffles sur nos bras.
Au bout du sentier, un village sur pillottis avec des maisons tout en longueur. Les plus riches, en pierre, appartiennent à des monteurs d’éléphant. Nous nous dirigeons vers l’un d’entre eux. La veille, sur proposition de nos guides, nous avons opté pour une heure de promenade sur le dos d’un éléphant. Nous montons sur un siège en osier installé sur une femelle éléphant (reconnaissable par l’absence de défenses). Elle se dirige, nous ballotés de haut en bas, un peu comme sur un dromadaire, vers le lac, après une pause gourmande de quelques feuilles de bananiers. Ses poils, sur sa peau, sont longs et drus. Ses cils, très fournis, entourent des yeux sombres et tristes. Après quelques hésitations, l’éléphant entre dans l’eau du lac ; sa trompe faisant des aller-retours bruyants de respiration entre le fond et la surface de l’eau. Impression terrible que nous allons sous peu être joyeusement aspergés d’eau, mais la pluie a devancé l’éléphant en commençant lentement à tomber.
Une fois sur terre, reballottés, redescendus, nous visitons des maisons du village. Les habitants y sont plus grands et épais que la moyenne. Ils vivent, à plusieurs générations, à l’étage de ces longues maisons su pillottis. En bas, ils y attachent leur bétail, étendent leur linge, abritent leurs scooters. Une église en bois, fermée à clef, au centre. La majorité des montagnards sont des catholiques.
Nous traversons ensuite une chaîne de montagnes à la couleur verte inhabituelle. Il s’agit de forêts d’eucalyptus replantés avec l’aide des australiens à la fin de la guerre. Sur ces monts dans lesquels se cachaient les Vietcongs, l’agent orange a tant été déversé que toute la forêt tropicale en a été détruite. De retour en plaine, de vastes étendues de canne à sucre, familières, qui me rappellent certains paysages de la Réunion.
Avant d’arriver à Nha Trang, nous nous arrêtons nous abriter de la pluie battante chez une famille de pêcheurs très sympathique. La femme répare un filet de pêche. L’homme coupe des morceaux de bois pour en faire des bouchons. Le grand père discute, allongé sur un hamac. Ils attendent que le mauvais temps passe car la mer se déchaîne. Nous devinons une vie soumise aux aléas de la mer et au grand air marin. Pourtant, leur crainte principale, les navires chinois qui n’hésitent pas à les broyer et à les tuer.
Nous ne resterons à Nha Trang, Las Vegas russe, que quelques heures. Départ en sleeping bus vers Hoi An.
Pas mal la traversée du lac à dos d’éléphant cela fait envie! Ainsi que la plage un peu moins peuplée que celle de Cavalaire : cela fait rêver……
Bonne continuation , bises à tous les 2
jean-michel et Martine